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vendredi 29 juillet 2016

Un fauconneau tombe du nid à l'Incinérateur des Carrières

Un fauconneau a été retrouvé au sol hier matin par des employés près du nid de faucon pèlerin de l'Incinérateur des Carrières. Le fauconneau ne semblait pas trop sérieusement blessé - il a même passé une partie de son temps à explorer son nouvel environnement - mais sa démarche laissait craindre une blessure à une patte. Il a donc été acheminé en fin de matinée à la Clinique des Oiseaux de Proie de l'Université de Montréal pour examens. Pour plus d'informations sur ces faucons, voir mon plus récent article ou l'annonce de la présence de 2 fauconneaux. La chute du fauconneau intervient au 33ième jour, soit 6 jours avant le début de la période où pourraient se produire les premiers vols.

Remerciements
Plusieurs personnes ont contribué - et contribuent encore - à ce que la mésaventure du fauconneau connaisse le meilleur dénouement possible. Je tiens à les remercier tous dès le début de cet article:
  • Les employés de l'Incinérateur des Carrières qui ont remarqué le fauconneau, qui l'ont surveillé et qui l'ont signalé aux agents de la faune. Au mieux, mon intervention a peut-être contribué à accélérer les choses mais ils ont fait exactement ce qu'il fallait faire. Un grand merci à eux!
  • Richard Dupuis et Eve Belisle qui ont trouvé mon message à leur réveil, fait les démarches téléphoniques nécessaires, capturé le fauconneau pour finalement le conduire à la Clinique des Oiseaux de Proie située à Sainte-Hyacinthe!
  • La Clinique des Oiseaux de Proie, et plus généralement l'UQROP, qui est le meilleur endroit au Québec - peut-être même au Canada - où un fauconneau blessé peut se trouver. Comme l'indique cette page, la Clinique des Oiseaux de Proie n'est financée que partiellement par l'Université de Montréal. Et l'aspect réhabilitation est entièrement à la charge de l'UQROP (= Union Québécoise pour la Réhabilitation des Oiseaux de Proie), qui ne reçoit aucun financement récurrent des paliers gouvernementaux. Si vous en avez la possibilité, vous pouvez aider de différentes manières (membership, don, adoption d'un oiseau, bénévolat, visite du site Chouette à Voir, ...) (plus de détails dans l'onglet "À propos de nous", sous-onglet "Comment nous aider" dans la page principale de l'UQROP).
  • Les agents de la faune, la ville de Montréal et toute autre personne qui a joué un rôle dans cette opération. 




Découverte du fauconneau

Lorsque j'arrive à l'Incinérateur des Carrières, la première chose que je fais c'est d'examiner l'entrée ouest du nid pour tenter d'y voir les fauconneaux; la deuxième c'est d'examiner les cheminées à la recherche des adultes.

Je suis arrivé hier à l'Incinérateur des Carrières vers 7h35. Aucun fauconneau n'était visible à l'entrée ouest du nid mais un adulte était visible sur la cheminée ouest. Et alarmait. Ce qui n'est pas exceptionnel ces temps-ci. A priori je ne voyais pas la cause de l'alarme. Il y avait bien quelques employés à proximité des cheminées, mais là encore, rien d'exceptionnel. Puis tout d'un coup j'ai vu un employé pointer quelque chose au sol à l'intention d'un collègue puis montrer la cheminée Est dans la direction du nid. J'ai immédiatement compris et je les ai rejoint.

Effectivement un fauconneau se trouvait au sol, plus ou moins du côté de l'entrée ouest du nid.
1ère photo, prise à 7h46

Un employé m'a dit qu'ils avaient contacté les agents de la faune (en réalité ils n'avaient pas encore réussi à les joindre, mais cela fut fait plus tard). J'ai indiqué que j'allais avertir de mon côté des personnes qui pourraient possiblement intervenir, en l'occurrence Richard Dupuis et Eve Belisle de Faucons de l'UdeM, et j'ai demandé si je pouvais rester avec le fauconneau en attendant qu'il soit pris en charge, ce qui a été accepté. Il s'est avéré que les choses étaient un peu plus compliquées que je ne le pensais puisque ce type d'intervention relève en principe d'un service de la ville. Après une série de coups de fil effectués par Richard Dupuis, Eve Belisle et lui ont finalement pu capturer le fauconneau peu après 11h et l'ont acheminé à l'UQROP.

Que s'est-il passé?

Mes contacts avec les employés de l'Incinérateur étaient entièrement orientés vers ce qui allait se passer maintenant (i.e., la prise en charge du fauconneau), ce qui fait que j'ai complètement oublié de demander dans quelle circonstance et quand le fauconneau avait été découvert. La découverte remontait sans doute déjà à plusieurs minutes quand je suis arrivé, puisqu'une superviseuse était sur place.

À ma connaissance, aucune observation des faucons n'a été faite la veille (la dernière fois que j'avais vu les 2 fauconneaux au nid était le 26 juillet en fin d'après-midi, lors de ma dernière visite), le fauconneau pourrait donc en théorie avoir passé jusqu'à une trentaine d'heures au sol. Je serais étonné cependant que le fauconneau ait passé la nuit au sol puisqu'il aurait probablement fait de mauvaises rencontres, dont il aurait sans doute gardé des traces. La chute a plus probablement eu lieu tôt le matin-même.

Les fauconneaux commencent de plus en plus à battre vigoureusement des ailes. Et bien qu'ils soient juste 2 et que le nid comporte 2 issues, ils ont tendance à se trouver à la même place (ce qui est bien pratique pour l'observateur qui veut s'assurer qu'il y a toujours 2 fauconneaux!). Une première possibilité est donc que le fauconneau ait chuté après avoir reçu un coup d'aile de l'autre.

Mais le fauconneau a très bien pu chuter tout seul. Dans cette vidéo publiée par Faucons de l'UdeM et datant du 24 juillet, on assiste à 2 quasi-chutes à 2'28 et 4'22, lorsque le fauconneau, de dos par rapport à l'extrémité de la corniche, place une patte dans le vide...

3h30 avec le fauconneau

Entre 7h40, moment où j'ai rejoint le fauconneau et 11h10, moment où Eve Belisle l'a capturé, j'ai donc passé 3h30 avec le fauconneau. Mes objectifs étaient multiples: garder un œil sur les déplacements du fauconneau (c'aurait été un peu stupide que la personne chargée de l'attraper arrive et qu'il soit introuvable!), m'assurer qu'il ne quitte pas les environs des cheminées pour éviter tout risque d'accident avec les véhicules qui circulaient par intermittence un peu plus loin, le préserver de toute rencontre avec un chat ou autre animal potentiellement dangereux pour lui, et bien sur l'observer. Le tout en lui laissant le plus d'espace possible pour ne pas le stresser inutilement.

La vidéo ci-dessous montre quelques moments du fauconneau.


Comme on peut le voir, le fauconneau a passé une partie de son temps à explorer son environnement. On remarque aussi sa démarche non naturelle.

Puis quelque part vers 10h, le fauconneau s'est allongé à plat ventre sur le sol, tout en demeurant cependant attentif à son environnement. C'est la première fois que je voyais un fauconneau au sol se placer dans une position aussi vulnérable. Il est resté ainsi jusqu'à ce qu'il soit stimulé par l'arrivée de Richard Dupuis.
Fauconneau à plat ventre sur le sol

Pendant les 3h30, la femelle était perchée à proximité sur une des cheminées. À 10h12, les cris de la femelle ont attiré mon attention sur l'arrivée du mâle sur la passerelle supérieure de la cheminée ouest. J'imagine qu'elle l'a "briefé" sur la situation! À aucun moment il n'y a eu de cris d'alarme pendant les 3h30. Pourtant je suis persuadé que si un chat s'était avancé, il y aurait eu une réaction. Se pourrait-il que la femelle ait senti que nous ne représentions pas de danger?

Du fauconneau qui était encore au nid, j'ai surtout entendu des cris, avant de le voir brièvement à 10h57.

D'autres photos sont visibles dans mon album Facebook.


Autres observations

Observations de fin de journée

Je suis revenu en début de soirée pour m'assurer que le fauconneau restant était toujours au nid. Quand je suis arrivé à 18h55, il braillait tellement que j'avais de la misère à croire qu'il n'y avait plus que 1 fauconneau!  Ses 2 parents étaient présents à proximité.

Le fauconneau s'est fait proposer un repas à 20h18 mais il ne semble pas avoir mangé beaucoup. La femelle est repartie avec la proie 5 minutes plus tard (voir la vidéo ci-dessous), et est allée se percher tout en haut de la cheminée Est où elle a commencé à alarmer.

Après le coucher du soleil, à 20h39 la femelle a rejoint le nid par l'entrée ouest. Pour en ressortir aussitôt et après un court vol entrer au nid par le côté Est! À nouveau elle est immédiatement ressortie mais cette fois elle est retournée sur son perchoir de la passerelle située sous la passerelle à mi-hauteur de la cheminée Ouest. Elle est retournée au nid 5 minutes plus tard. Cette fois elle a tenu pendant 6 minutes avant de retourner sur son perchoir de la cheminée ouest à 20h51. Elle y était toujours quand j'ai quitté à 21h06. Une pensée m'a alors traversé l'esprit: peut-être que le fauconneau restant était si insupportable que l'autre a préféré sauter! ;-)



Observations du 29 juillet 2016

J'y suis également retourné tôt ce matin. Pas de mauvaise surprise: le fauconneau restant était toujours au nid à 7h.

En revanche il y a de nouveau eu une longue et bruyante alarme de la part de la femelle. Cette fois j'étais bien placé pour voir l'intérieur de la cour de l'Incinérateur. Je m'attendais à y voir un chat au pied des cheminées mais je n'ai rien vu. La femelle a alors foncé vers les voies ferrées en continuant d'alarmer avant de revenir se poser sur une des cheminées. D'après une observatrice qui se trouvait sur la piste cyclable, il y avait un chat sur la voie ferrée à ce moment-là... Je suis un peu étonné que la femelle fasse tout ce cirque pour un chat qui se trouve relativement loin du nid. À moins qu'elle croit que le fauconneau qui a chuté hier est toujours quelque part au sol ? En tout cas les voies ferrées seront à surveiller lors de la prochaine alarme.
 

lundi 18 juillet 2016

Les fauconneaux de l'Incinérateur des Carrières: résumé de la semaine 3

Les 2 fauconneaux de l'Incinérateur des Carrières sont entrés hier dans leur 4ième semaine. Cet article couvre la période du 14 au 18 juillet, c'est-à-dire essentiellement la semaine 3. Il fait suite à cet article qui couvre les 2 premières semaines.

Première apparition des fauconneaux

Le grand évènement de cette 3ième semaine est sans aucun doute la première apparition des fauconneaux au bord de l'entrée ouest du nid jeudi 14 juillet. Je republie ci-dessous la vidéo que j'avais publiée à cette occasion:


Jusqu'à ce moment l'existence de fauconneaux était basée sur des observations indirectes, à savoir le transport de nourriture au nid par un des parents, suivi généralement quelques minutes plus tard du transport hors du nid des restants. Et évidemment on n'avait aucune indication sur leur nombre. Cette première apparition a été très nette: les 2 fauconneaux se sont avancés d'emblée ensemble à l'extrémité de la corniche.
   

Un papa volage

Un développement inattendu a été annoncé il y a quelques jours sur la page Facebook de Faucons de l'UdeM: depuis quelques jours - depuis le 14 juillet au moins - Éole, le père des fauconneaux de l'Incinérateur, rencontre quasi-quotidiennement le faucon pèlerin femelle Spirit à l'Université de Montréal!

Voici la chronologie de ces rencontres d'après les archives-photos de la caméra de Faucons de l'UdeM et la page Facebook de Faucons de l'UdeM.

Ces visites sont moins surprenantes si on considère qu'Éole a été très près d'avoir des fauconneaux à 2 endroits différents, à l'Université de Montréal avec Spirit et à l'Incinérateur des Carrières avec sa compagne actuelle, cette année ainsi que l'année dernière (pour 2015, compte tenu de la capacité de la femelle à stocker les spermatozoïdes, on ne peut pas totalement exclure qu'il ait réussi l'exploit). Plus tôt cette année les 4 œufs pondus à l'Université de Montréal par Spirit étaient indiscutablement d'Éole mais ils n'ont pas éclos puisqu'ils ont été trop longtemps délaissés par les 2 parents qui devaient se défendre contre des attaques d'autres faucons pèlerins.

Éole est également associé à la disparition de 2 faucons pèlerins mâles à l'Université de Montréal sans que l'on sache toutefois s'il a joué un rôle actif dans ces disparition: Roger, le compagnon de longue date de Spirit à l'automne 2014, et Arthurin à l'automne 2015. Les présences d'Éole à l'Université de Montréal ces derniers jours pouvaient laisser craindre que le mâle actuel de l'Université de Montréal avait lui aussi disparu. Mais il n'en est rien puisque Bret a fait une apparition devant la caméra de l'université de Montréal le 17 juillet, comme indiqué plus haut. Bret réussira-t-il à se maintenir à l'Université de Montréal? Une histoire à suivre...

Visite d'un drone

Un drone a survolé pendant quelques minutes la piste cyclable et les cheminées de l'Incinérateur  ce dimanche 17 juillet aux alentours de 18h, m'a signalé M. Robert. Le drone était piloté depuis l'autre côté des voies ferrées par un couple. M. Robert a informé ces personnes de la présence de faucons pèlerins sur les cheminées et leur a demandé d'éloigner le drone, ce qui a été fait. Un drone pourrait sérieusement blesser les faucons pèlerins adultes si ceux-ci décidaient de l'attaquer pour défendre le nid; et dans quelques semaines, lorsque les fauconneaux auront commencé à voler, les risques d'accident seront encore plus élevés puisque les jeunes sont moins conscients des risques. Espérons donc que cet incident restera isolé.

Les dernières nouvelles

Ce matin à 5h49, alors que les 2 fauconneaux étaient visibles à l'entrée ouest du nid, un faucon pèlerin adulte a attaqué quelque chose au sol en criant. Le fait que le faucon criait suggère une défense de territoire plutôt qu'une recherche de nourriture. Je n'ai pas pu voir quelle était la cible mais il pourrait s'agir d'un des chats (ou d'un gros rat?) qui fréquente l'incinérateur. Des manœuvres similaires avaient été observées l'an dernier à l'église Saint-Marc contre un chat qui avait pris l'habitude de faire sa sieste au pied du nid!

Un repas a suivi une dizaine de minutes plus tard, comme le montre la vidéo suivante. À noter à la fin de la vidéo l'entreposage des restants sur le mur de l'incinérateur au coin sud-ouest.


Les 2 adultes étaient présents jusqu'à 8h57; après ce moment et jusqu'à mon départ à 10h15 il ne semblait rester que la femelle. Rappelons qu'Éole a été vu à l'Université de Montréal à 9h45. À 10h07 la femelle s'est mise à fortement alarmer, sans que je puisse déterminer la cause.

En après-midi, M. Robert a pu prendre cette photo d'un des fauconneaux qui montre que les plumes de vol sont en train de faire leur apparition.
Apparition des plumes de vol (crédit photo: Gérard Robert)

J'en profite pour réitérer une fois de plus mes remerciements à M. Robert et à sa femme pour leurs observations, les photos et vidéos qu'ils me font parvenir et la permission de les partager.


dimanche 17 juillet 2016

Un faucon pèlerin au CUSM et une dispute impliquant 3 faucons bagués à l'Échangeur Turcot

Le 7 juillet, le corps sans vie d'une jeune femelle faucon pèlerin a été trouvé à l'Échangeur Turcot, alors qu'on est sans nouvelle du jeune mâle depuis le 18 juin, voir mon dernier article. Même si les 3 fauconneaux nés cette année à l'Échangeur Turcot sont très vraisemblablement morts, j'ai quand même voulu jeter un coup d’œil sur place. Sans surprise ma visite de ce 17 juillet n'a pas permis de trouver de fauconneau mais j'ai quand même pu faire quelques observations intéressantes.

Une première visite à l'Échangeur Turcot

L'an dernier lorsqu'on avait perdu la trace d'Amazone, la jeune femelle, c'est en partie l'observation des déplacements des adultes qui avaient permis de la retrouver dans le parc Georges-Saint-Pierre.
J'étais donc curieux de voir où les adultes iraient aujourd'hui.  Et en fait, à 2 reprises entre 14h et 15h45, un faucon pèlerin est parti dans cette direction. Cela m'a conforté dans mon intention de visiter le secteur du métro Vendôme qui avait été fréquenté par les juvéniles l'an dernier.

Une courte visite infructueuse au parc Georges-Saint-Pierre

J'ai passé une demi-heure dans ce parc Georges-Saint-Pierre, en prêtant une attention particulière au sommet des projecteurs qui étaient fréquentés l'an dernier par Amazone. Je n'ai rien vu et je n'ai pas insisté davantage compte tenu de la faible probabilité qu'un des fauconneaux de cette année était encore vivant.

Un adulte au CUSM

L'an dernier, après avoir fréquenté le parc Georges-Saint-Pierre, Amazone s'était déplacé vers le CUSM où elle avait été rejoint par Achille, qui venait d'être relâché après avoir été soigné à l'UQROP. C'était l'autre place que je voulais visiter. Une demi-heure à cet endroit a produit le même résultat qu'au parc Georges-Saint-Pierre, c'est-à-dire rien. Mais alors que j'attendais dans le bus 37 que celui-ci me ramène à l'Échangeur Turcot, j'ai aperçu ce qui semblait être un faucon pèlerin en vol au-dessus du CUSM! Je suis descendu précipitamment mais il avait disparu. Heureusement en faisant le tour de l'hôpital je l'ai retrouvé perché sur un toit:


Sur la photo ci-dessous, prise lorsque le faucon s'est envolé à 18h33, on peut voir que la patte la plus à gauche est baguée. Cette patte semble être la patte droite du faucon, ce qui suggère qu'il s'agit de Polly.


Le faucon est retourné à l'Échangeur Turcot. À aucun moment il n'a interagi avec un autre faucon. Que faisait-il là? Vérifiait-il si un de ses fauconneaux n'était pas réapparu? Il s'agissait peut-être tout simplement d'une tournée de routine de son territoire, pour par exemple localiser des proies potentielles ou pour s'assurer qu'aucun faucon étranger n'était présent. Le CUSM est en effet un des points les plus élevés du secteur.

 

Retour à l'Échangeur Turcot; dispute entre 3 faucons bagués

J'étais de retour à l'Échangeur Turcot à 18h55. Polly s'est posée une minute plus tard sur le pilier opposé à celui du nid. Elle a ensuite visité brièvement le nid avant de revenir sur le pilier d'en face. Puis à 19h05 elle a rejoint Algo sur la canalisation du pilier de la rue St-Patrick.

Presque immédiatement on a entendu un faucon pèlerin (ou peut-être les deux) alarmer. La cause? Une crécerelle d'Amérique qui harcelait le couple. Étrangement les cris d'alarme se sont transformés en vives vocalisations intra-spécifiques. Vous pouvez entendre ces cris ici. Soit ces vocalisations étaient une discussion entre les 2 faucons pèlerins mais dans ce cas c'était une intense discussion, soit les vocalisations s'adressaient à la crécerelle malgré qu'il s'agissait d'une espèce différente.

Après avoir importuné pendant quelques instants les 2 faucons pèlerins, la crécerelle d'Amérique s'est perchée sur l'ancienne usine transformée en loft, ce qui m'a permis de la photographier. Et de m'apercevoir qu'elle était baguée... Une bague gris métallique à la patte droite et une bague rougeâtre à la patte gauche. Impossible cependant de lire les éventuelles inscriptions sur ces bagues.

La crécerelle d'Amérique baguée qui a importuné les faucons pèlerins

La crécerelle a quitté à 19h11 en direction du canal. Il est possible qu'elle se soit perchée sur un arbre.

Quand j'ai quitté à 19h49, il ne restait plus qu'Algo sur la canalisation. Polly avait quitté en direction sud à 19h20.



samedi 16 juillet 2016

Décès d'Acacia, la jeune faucon pèlerin de l'Échangeur Turcot

Le 7 juillet le corps sans vie d'un faucon pèlerin juvénile a été trouvé non loin du nid de faucon pèlerin de l'Échangeur Turcot. Il s'agit malheureusement très vraisemblablement d'Acacia, qui avait quitté le nid de l'Échangeur Turcot le 19 juin.

Acacia, photographié par C. Fritschi le 3 juillet (crédit photo: C. Fritschi)

Après avoir rappelé les faits, je remets cette mort en perspective: la première année de vie est certes la plus périlleuse pour les faucons pèlerins mais une proportion non négligeable des fauconneaux bagués à l'Université de Montréal réussit à franchir ce cap difficile. Je reviens ensuite sur Acacia avec une synthèse des observations faites après le 27 juin.

Les faits

Le 7 juillet, des employés de KPH-Turcot ont trouvé le corps sans vie d'un faucon pèlerin juvénile sur le chantier du nouvel échangeur Turcot. La découverte a été signalée aux biologistes de SEF, qui surveillaient cette année les premiers vols des jeunes faucons pèlerins nés sous l'échangeur. Le lendemain matin Christian Fritschi a récupéré la carcasse et l'a amenée à la Clinique des Oiseaux de Proie à Sainte-Hyacinthe pour qu'une nécropsie puisse être effectuée, voir l'annonce de Christian Fritschi sur son site (je remercie Christian pour les informations supplémentaires sur les circonstances de la découverte d'Acacia, ainsi que pour son autorisation de publier sa dernière photo). La Clinique des Oiseaux de Proie, qui est financée en partie seulement par l'Université de Montréal, est une pièce maitresse de l'UQROP (= Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie).

L'examen confirme qu'il s'agit d'un fauconneau femelle né cette année. À ce moment de l'année les fauconneaux sont encore dépendants des adultes et ne s'éloignent donc pas beaucoup du nid. Comme aucun autre nid n'est connu à proximité, il faut donc conclure qu'il s'agit d'Acacia. D'ailleurs celle-ci n'a plus été revue depuis.

Les causes de la mort n'ont pu être déterminées avec exactitude, en partie à cause de la rapide dégradation du corps due à la chaleur et à l'humidité. D'après le docteur Fitzgerald (propos rapportés par Faucons de l'UdeM, complétés par des informations supplémentaires reçues par courriel) aucune fracture n'a été détectée mais un traumatisme crânien sans fracture décelable ne peut être exclu. Merci à lui pour avoir bien voulu répondre à mes questions.

Concrètement il pourrait s'agir d'une collision, soit avec la structure de l'Échangeur, ou peut-être plus vraisemblablement (puisque Acacia n'était plus une débutante) une collision avec un véhicule circulant sur l'Échangeur.


Aucune nouvelle de Monroe

L'annonce de la mort d'Acacia s'ajoute à la disparition inquiétante de son frère, Monroe. Ce fauconneau n'a en effet plus été revu depuis le 18 juin, soit le lendemain de son premier vol. Certes, Acacia, en s'envolant le 19 juin, a certainement focalisé l'attention des observateurs et des photographes sur elle, même si quelques efforts ont été faits parallèlement pour localiser Monroe. Cela pourrait contribuer à expliquer que Monroe n'a plus été revu pendant quelques jours. Mais il faut tenir compte ici d'une particularité du comportement des faucons pèlerins (et probablement d'autres oiseaux): les faucons pèlerins sont très sociables à ce stade de leur vie. Monroe aurait logiquement du rejoindre Acacia à un moment ou à un autre pour jouer avec elle, auquel cas il aurait été vu par ceux et celles qui observaient Acacia.

Les chances que Monroe soit encore en vie sont plutôt faibles. Au mieux, s'il n'a pas été victime d'un accident, il a pu partir tout droit et s'éloigner suffisamment du nid pour ne plus savoir comment revenir. Dans ce cas il est peu probable que ses parents l'aient localisé et nourri puisqu'ils l'auraient probablement ramené à la maison. Comme Monroe ne savait pas encore chasser, sa seule chance aurait donc été de croiser d'autres faucons pèlerins nicheurs et d'être adopté par eux. Un tel comportement a déjà été documenté dans le grand Nord Canadien où la densité de nid est plus élevée, mais les chances que cela se passe à Montréal sont probablement très faibles. Pour finir, j'ajoute que comme Monroe est bagué, s'il avait été recueilli blessé mais vivant à quelque part, l'information aurait été transmise aux biologistes de SEF, qui auraient certainement partagé la nouvelle.

La nichée de cette année comportait 3 fauconneaux. Un des fauconneaux était mort au nid aux alentours du 4 juin; le 2ième a disparu le 18 juin et le 3ième à été trouvé mort le 7 juillet. On peut donc malheureusement craindre que tous les fauconneaux nés cette année à l'Échangeur Turcot sont décédés. 

Mise en perspective

La première année, une année difficile

Bien que le taux de mortalité lors de la première année de vie d'un faucon pèlerin est difficile à évaluer avec précision, il est clair que cette première année est un cap difficile à passer. Les jeunes faucons pèlerins peuvent mourir de maladies (parfois avant-même leur premier vol), être victimes d'accidents (par exemple collision avec des fenêtres ou des véhicules), être capturé par un prédateur tel que le grand-duc d'Amérique, mourir de faim faute d'avoir appris convenablement à chasser, voire même s'auto-emprisonner comme ce fut le cas à l'Échangeur Turcot l'an dernier (le fauconneau dans ce cas a heureusement pu être secouru).

Dans sa fiche sur le faucon pèlerin, le ministère Québecois des Forêts, de la Faune et des Parcs indique que le taux de mortalité lors de la première année "peut être de 50 à 75 %". Ce taux passerait à 20% pour chacune des années suivantes. Ces chiffres sont également cités dans le Rapport sur la situation du faucon pèlerin au Québec (David Bird, 1997) et semblent provenir du livre The Peregrine Falcon (Ratcliffe, 1993).

Situation à Montréal

À Montréal il y a déjà eu plusieurs cas de fauconneaux morts de maladie avant leur premier vol (dont le plus récent a eu lieu à l'Échangeur Turcot, voir plus haut) mais je n'ai connaissance d'aucun décès de fauconneau dans les semaines qui ont suivi son premier vol, à part évidemment celui d'Acacia. Ceci ne signifie évidemment pas qu'il n'y a pas déjà eu de mortalité: les cadavres peuvent ne jamais être retrouvés; ou s'ils sont retrouvés l'information n'est pas nécessairement connue des gens qui comme moi ou Faucons de l'UdeM suivent les faucons pèlerins à Montréal, particulièrement si le fauconneau n'est pas bagué.

Taux remarquable de survie chez les faucons pèlerins nés à l'Université de Montréal

Cependant les observations des faucons pèlerins nés à l'Université de Montréal montrent que ceux-ci ne réussissent pas trop mal à passer le seuil de la première année. Les fauconneaux nés sur la tour de l'Université de Montréal sont systématiquement bagués - et avec une bague relativement facile à lire de loin - depuis 2009. À l'occasion, un de ces faucons pèlerins tombe dans l'objectif d'une caméra ou les jumelles d'un observateur, ce qui permet d'affirmer que cet individu-là a survécu à sa première année. A priori les chances sont faibles de pouvoir ainsi confirmer la survie d'un faucon pèlerin (il faut en effet d'abord que le photographe ou l'observateur soit à la bonne place au bon moment, puis que la bague soit lisible). Mais malgré cette difficulté, il a été possible de prouver que plusieurs faucons pèlerins nés à l'Université de Montréal ont survécu à leur première année et que certains sont même devenus adultes.

Voici, par année de naissance, le nombre de fauconneaux de l'Université de Montréal qui ont été revus après leur première année d'existence (pour plus d'informations, voir sur le site de Faucons de l'UdeM: la généalogie, le blogue, la page Facebook).
Bien entendu, plus la naissance d'un fauconneau est récente, moins on a eu le temps de le repérer, ce qui pourrait expliquer qu'aucun fauconneau né en 2014 ou 2015 n'a pour l'instant été revu. Mais il n'est pas exclu que le nombre de fauconneaux revus ira en diminuant puisque avec l'augmentation de la population de faucon pèlerin, les faucons devront possiblement trouver des territoires plus éloignés où ils seront plus difficilement repérables.

Acacia après sa première semaine de vol   

Dans un article précédent, je tentais de faire la synthèse des observations d'Acacia pour la période allant du 19 juin (date où elle a quitté le nid) au 27 juin. Cette section couvre la période du 28 juin au 7 juillet.

29 et 30 juin: la routine

Daniel Toro propose une série de photos prises en début de soirée le 29 juin. On y voit Acacia en vol, ou perché sur un pylône.

Le 30 juin c'était au tour de Christian Fritschi d'aller observer Acacia. À peine arrivé, il a pu voir Algo livrer un repas à sa fille sur le toit d'un bâtiment le long du Canal Lachine. Acacia s'est ensuite envolée sur un vieux pylône où elle s'est fait harcelé par des étourneaux et des carouges. Voici ses photos et son récit pour cette journée.

2 juillet: transfert de proie en vol!

Daniel Toro et Robert Lussier ont apparemment tous les deux photographié la même scène: Polly est en vol avec un pigeon entre ses serres et Acacia tente de s'en emparer. Polly finit par lâcher la proie et Acacia réussit à l'attraper avant qu'elle ne touche le sol. Deux superbes séries de photos à voir absolument! Voici les photos de Daniel Toro et celles de Robert Lussier (pour voir les photos suivantes, utiliser la flèche de droite).

3 juillet: dernière photo

La dernière photo d'Acacia vivante est apparemment celle de Christian Fritschi.

vendredi 15 juillet 2016

2 fauconneaux à l'Incinérateur des Carrières!

Deux fauconneaux de faucon pèlerin ont pu être observés pour la première fois hier matin à l'Incinérateur des Carrières.

Un des 2 fauconneaux

C'est à la fois une surprise et quelque chose qui était anticipée depuis quelques jours.

Anticipée parce que des signes indirects de présence de fauconneau(x) étaient observés depuis plus de 2 semaines.

Une surprise parce que ce couple de faucon pèlerin a repoussé encore une fois le moment des naissances de leurs fauconneaux. Avec des naissances estimées au 26 juin, c'est en effet plus de 3 semaines plus tard que l'an dernier lorsque ce couple avait donné naissance à 4 fauconneaux à l'église Saint-Marc autour du 3 juin. Cette nidification de 2015 était alors déjà considérée comme tardive puisque les fauconneaux naissent généralement dans la première quinzaine de mai. Or clairement les conditions d'élevage des jeunes ne sont pas les mêmes en mai qu'en juillet, on n'a qu'à penser à la température élevée de ces derniers jours avec les risques de déshydratation que cela comporte...

Les observations

Les 2 fauconneaux

J'ai remarqué un premier fauconneau vers 8h30. En examinant chez moi la vidéo enregistrée à cette occasion j'ai eu l'agréable surprise de constater la présence d'un 2ième fauconneau! La vidéo ci-dessous contient également une séquence filmée vers 10h45 où l'on voit les 2 fauconneaux quelques minutes avant l'arrivée d'un repas.




Un nourrissage

Vers 10h35 la femelle qui surveillait les fauconneaux depuis la cheminée Ouest est partie préparer un repas sur la passerelle circulaire à mi-hauteur de la cheminée Est. Le nourrissage a commencé à 10h49. L'averse qui a commencé au même moment m'a empêché de filmer la totalité du repas mais dans les extraits suivants on distingue quand même pour la première fois un des fauconneaux en train d'être nourri.



Et maintenant?

La première question à se poser est: combien sont-ils? Comme indiqué plus haut, 2 fauconneaux est déjà un nombre remarquable compte tenu du défi auquel les faucons sont confrontés. D'un autre côté il faudrait avoir été bien chanceux pour que la première observation d'un fauconneau les montre tous, explorant le bord de la corniche. En effet bien que les fauconneaux tendent à naitre à peu près au même moment, il n'est pas rare qu'il y ait un fauconneau qui est un peu moins dégourdi que les autres et qui reste en retrait pendant quelques temps. À l'église Saint-Marc l'an dernier le 4ième fauconneau avait ainsi été découvert plus de 2 semaines après les 3 autres. Cet exemple est probablement très particulier mais illustre qu'on n'est pas à l'abri d'une autre surprise.

Les fauconneaux devraient continuer à venir examiner régulièrement le monde extérieur depuis le bord d'une des corniches pendant près de 3 semaines, pendant qu'ils grandiront et que leurs plumes de vol pousseront. Pour avoir une idée des transformations physiques des fauconneaux au cours des jours à venir, je vous invite à visiter ce lien de Faucons de l'UdeM qui illustre l'évolution des fauconneaux de l'Université de Montréal grâce à des photos prises par une caméra installée dans le nichoir. Les fauconneaux de l'Incinérateur sont présentement âgés de 20 jours.

Les premiers vols pourraient intervenir à partir du 39ième jour (plus précisément le guide Paquin-Caron des oiseaux du Québec et des Maritimes évoque la fenêtre 39-46 jours pour le premier vol d'un jeune mâle et 41-49 jours pour une jeune femelle). En supposant que j'ai estimé correctement la date de naissance des fauconneaux, le 39ième jour tombe le 3 août.


Renouvellement de ma demande à ceux qui grimpent illégalement sur l'Incinérateur

L'apparition d'un nouveau graffiti sur la cheminée Est près du nid de corbeau - donc proche du nid de faucon pèlerin - ce 11 juillet m'oblige à répéter la demande que j'avais faite le 29 mars: ne vous approchez pas du nid de faucon, qui est situé sur la façade de l'incinérateur donnant sur la piste cyclable.

Nouveau graffiti proche du nid de faucon sur la cheminée Est

Il est probablement inutile de rappeler que l'Incinérateur est une propriété de la ville qui n'est pas ouverte au public et qu'il est par conséquent interdit d'y pénétrer ou d'y grimper. Il est peut-être moins connu que le faucon pèlerin est une espèce protégée, tant au niveau fédéral que provincial (les agents de la faune ont d'ailleurs été avisés de la présence des 2 fauconneaux) et que tout dérangement d'un nid est puni par la loi.

Concrètement une présence humaine près du nid pourrait faire paniquer les fauconneaux et les amener à sauter de la corniche prématurément. Par ailleurs une personne qui s'approcherait du nid pourrait aussi être attaquée par les faucons pèlerins adultes cherchant à défendre leurs petits. Ceux dont la tâche est de baguer les fauconneaux en savent quelque chose, comme le montre cette spectaculaire vidéo captée lors d'un baguage en Ohio.

Si vous êtes témoin d'un dérangement du nid d'origine humaine à l'Incinérateur, le plus simple est d'appeler la police via le 911. Vous pouvez également faire un signalement à SOS Braconnage (numéro de téléphone: 1 800 463-2191).

Ma demande d'éviter les abords du nid pourrait être élargie à d'autres parties de l'Incinérateur dépendamment du comportement des faucons pèlerins adultes (cris d'alarme, vols d'intimidation), en particulier à l'approche des premiers vols.

mercredi 13 juillet 2016

Déjà 2 semaines pour les fauconneaux de l'Incinérateur des Carrières

Le 26 juin 2016 j'observais les premiers arrivages de nourriture au nid de faucon pèlerin de l'Incinérateur des Carrières, signe d'une possible naissance de 1 ou plusieurs fauconneaux. Pendant les 2 semaines qui ont suivi, de la nourriture a continué d'entrer au nid plusieurs fois par jour, ce qui renforce ma conviction qu'il y a bien eu naissance de fauconneau(x). Les fauconneaux se laissent cependant désirer puisque aucune photo n'a encore pu être prise.

Cet article décrit quelques observations qui ont été faites durant ces 2 semaines, plus particulièrement durant les derniers jours.

7 juillet: un faucon pèlerin intrus?

À 10h59, un faucon pèlerin vient se percher sur la passerelle circulaire à mi-hauteur de la cheminée Est. Un autre oiseau s'approche et s'apprête à se poser lui aussi mais change d'avis au dernier moment. De puissantes vocalisations se font entendre et les 2 faucons disparaissent.   Les vocalisations sont celles utilisées en présence d'un autre faucon pèlerin mais je n'ai jamais entendu Éole et Eve se parler sur ce ton!

Éole et Eve sont arrivés ensemble depuis l'autre côté des voies ferrées 10 minutes plus tard. Un des faucons est immédiatement allé au nid.


9 juillet, après-midi: un accident sans gravité

Cette observation m'a été communiquée par M. Robert, un résidant du quartier, qui avec sa femme passe un temps appréciable à surveiller le nid. Un grand merci à lui pour ses précieux rapports d'observation ainsi que ses photos!

À 17h30 un faucon pèlerin s'apprête à apporter une proie au nid mais visiblement il a mal fait ses calculs puisqu'il ne parvient pas à prendre suffisamment d'altitude pour se poser sur la corniche! Il heurte la paroi, chute de quelques mètres puis se rétablit, le tout sans lâcher la proie. Le faucon s'est ensuite éloigné, avant de revenir 5 minutes plus tard mais cette fois-ci sans la proie.

Un adulte apportant une proie se heurte à la paroi (crédit photo: Gérard Robert)
Cette photo fait partie d'une séquence de photos, qui est visible ici. Encore une fois, merci à M. Robert pour cette observation et ces photos.


9 juillet, soir: nourrissage par le mâle en présence de la femelle

Le nourrissage des fauconneaux est généralement effectué par la femelle, mais il arrive que le mâle s'acquitte aussi de cette tâche, particulièrement lorsque la femelle est absente. Dans ce cas-ci le mâle a nourri les fauconneaux en présence de la femelle:


Ce nourrissage a eu lieu de 19h36 à 19h44. J'ai des raisons de penser que la femelle avait nourri les fauconneaux juste avant. En effet à 19h30 elle est sortie du nid avec des restants qu'elle a déposé sur un toit du flanc ouest de l'incinérateur puis elle est revenue au nid. Le mâle est allé examiner les restants avant de disparaitre. Quelques  minutes plus tard il arrivait avec une nouvelle proie tel que montré dans la vidéo.

12 juillet: 2 petits déjeuners

Un premier petit déjeuner, relativement court, a été servi peu après 5h30. Quelques cris de nourrissage ont été entendus à cette occasion.

Le petit déjeuner suivant a été servi de 6h45 à 7h, voir la vidéo ci-dessous.

Le mâle avait probablement rempli les garde-manger très tôt le matin puisqu'il a passé un long moment perché sur la passerelle à mi-hauteur de la cheminée Ouest, au côté de la femelle quand elle ne nourrissait pas les jeunes. De ce perchoir, les parents ont une excellente vue sur le nid.



Le mâle a recommencé à chasser à partir de 9h ainsi que possiblement la femelle. En particulier à partir de 9h46 je n'ai plus vu aucun faucon, ni au nid, ni sur les cheminées. J'ai quitté à 11h20.


Quand verrons-nous les fauconneaux ?

Les 2 vidéos de cet article montrent que les adultes ne sont pas très loin de l'entrée Ouest du nid quand ils nourrissent les fauconneaux. Il est possible que dans les jours qui viennent on finisse enfin par voir une tête blanche lors d'un de ces nourrissages. Ou juste avant quand ils bougent et que la femelle décide qu'il est temps de les nourrir. Sinon il faudra attendre que les fauconneaux commencent à se déplacer. À l'Université de Montréal les premiers déplacements sur la corniche intervenaient après le baguage, qui avait lieu typiquement vers les jours 25-26.

vendredi 1 juillet 2016

Envol du dernier des 3 fauconneaux du Pont Champlain

Ce 30 juin j'ai eu la chance d'assister à l'envol du dernier des 3 jeunes faucons pèlerins nés à cet endroit. Comme l'an dernier le couple de faucon pèlerin a utilisé un des nichoirs installés à leur intention sur un des piliers qui borde la Voie Maritime du Saint-Laurent.

Ce nid a été suivi sur une base régulière par les biologistes de Services Environnementaux Faucons (SEF) sous contrat avec le Ministère du Transport du Québec (MTQ). Comme à d'autres sites qui dépendent du MTQ et qui sont fréquentés par des faucons pèlerins, la tâche principale des biologistes est de veiller à la bonne cohabitation entre travailleurs et faucons et, le cas échéant, à prendre des dispositions pour minimiser les dérangements.

En ce qui me concerne, je n'ai effectué que 3 visites, que je décris dans cet article.

31 mai: les adultes au nichoir

L'an dernier, les faucons pèlerins avaient utilisé un des nichoirs installés à leur intention. Ce nichoir se trouve sur le pilier du Pont Champlain immédiatement au sud de la Voie Maritime. Puisque les faucons pèlerins tendent à réutiliser le même nid d'une année à l'autre,  il était naturel de commencer par voir si par hasard ce nichoir n'était pas réutilisé. J'ai tenté ma chance depuis la piste cyclable de la Voie Maritime, l'endroit le plus proche du nichoir mais d'où seule une petite partie est visible.

Dès mon arrivée à 16h30, je remarque un faucon pèlerin perché sur la structure du pont au-dessus du nichoir. Puis à 17h30, un faucon pèlerin se perche sur le nichoir-même:

 
J'ai même pu voir brièvement les 2 faucons ensemble au nichoir mais malheureusement c'est arrivé pendant que je changeais la batterie de mon appareil photo... Quoi qu'il en soit, j'avais une bonne raison de penser que le nichoir était à nouveau utilisé. Il fallait maintenant aller sur la Rive Sud pour tenter de déterminer ce qui se passait à l'intérieur.

10 juin: 3 fauconneaux

Le 4 juin j'avais eu l'occasion d'apprendre, par Alexandra Belzile qui représentait la branche éducative de SEF (Faucon Éduc) à la grande fête des oiseaux du magasin Nature Expert, que la nichée comptait 3 fauconneaux. Mais je tenais à tenter d'arriver par moi-même à cette conclusion.

C'était loin d'être gagné puisque mon appareil photo actuel ne dispose que d'un zoom x40 et que le nid était à environ 400 mètres. Avec un peu d'effort on distingue bien 3 fauconneaux sur la photo ci-dessous. Réussi de justesse, ouf!


L'an dernier le couple avait aussi eu 3 fauconneaux mais je n'avais réussi à en voir que 2.

Au cours de cette séance d'observation, j'ai également pu voir les 2 adultes sur le pont. En revanche je n'ai pas eu la chance d'assister à un nourrissage.


30 juin: envol du dernier fauconneau

Ma visite suivante a eu lieu le 30 juin. À cette occasion j'ai pu observer 2 faucons pèlerins juvéniles ainsi que les 2 adultes. Et surtout j'ai eu le privilège d'assister au premier vol d'un des juvéniles, le dernier à quitter le nid.

2 juvéniles + 2 adultes 

Lorsque je suis arrivé à 7h38 sur la piste cyclable La Riveraine à Brossard, il ne restait plus que 1 juvénile au nichoir:




Un 2ième juvénile courrait sur la structure du pont. Ce 2ième juvénile volait déjà bien:


Quant aux adultes, on pouvait les voir perchés sur des pointes du pont, ou sur des pylônes électriques avoisinants.




9h45: le fauconneau du nichoir s'envole

Après s'être exercé comme il pouvait sur la faible largeur du nichoir, le fauconneau a brusquement (et peut-être involontairement) quitté le nichoir. Il a tenté en vain de s'agripper à la paroi du pilier, a chuté et instinctivement s'est mis à voler (voir la vidéo ci-dessous).


Il s'est ensuite brièvement posé sur un élément mobile d'une grue (il n'a pas arrêté de battre des ailes sur ce perchoir peu sécuritaire) puis s'est envolé à nouveau. Quand je l'ai perdu de vue aux jumelles, il ne semblait pas avoir suffisamment d'altitude pour se poser en sécurité sur un des piliers qui bordaient la voie maritime. J'ai donc décidé de traverser de l'autre côté pour tenter de voir s'il n'était pas en difficulté.

Observations depuis la piste cyclable de la voie maritime

Traverser, c'était plus rapide à dire qu'à faire! Il fallait que je rebrousse chemin sur un peu plus de 3km jusqu'à l'écluse Saint-Lambert, que je traverse le pont piétonnier/cycliste (qui est fermé lors du passage d'un navire, heureusement il n'y en avait pas à ce moment-là) puis que je refasse les 3kms dans l'autre sens. Cela m'a pris environ 1h15 (à pied).

En 5 heures, j'ai pu voir jusqu'à 2 juvéniles simultanément, tous les deux à des endroits sécuritaires (c'est-à-dire en hauteur) sur le pont. J'ignore si le juvénile que j'avais vu s'envoler un peu plus tôt faisait partie du groupe.

Vers 15h50 un fauconneau perché sur une structure du pont au-dessus de la piste cyclable se voit offrir une petite gâterie. On devine qu'il aurait bien aimé avoir plus que 2 pattes pour à la fois se maintenir sur la structure et manipuler la proie!



15 minutes plus tard 2 juvéniles interagissaient sur une structure similaire, à peu près au même endroit.



L'an dernier j'avais fait des observations similaires les 11 et 13 juillet. Le 13 août 2015, les 2 juvéniles étaient toujours présents près du nichoir.