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dimanche 26 mars 2017

Accouplement de faucon pèlerin à l'église Saint-Jean-Baptiste!

J'ai observé un accouplement de faucon pèlerin après le coucher du soleil jeudi 23 mars à l'église Saint-Jean-Baptiste. Bien que cette église est connue pour être fréquentée par un couple de faucon pèlerin, cette observation est une surprise pour des raisons que j'évoquerai plus bas. Parallèlement le nombre d'accouplements à l'Université de Montréal semble avoir diminué (aucun accouplement observé en 4 heures samedi après-midi).  Je décris les différentes observations que j'ai faites depuis le 23 mars et je termine avec une discussion de ce qu'elles pourraient signifier.

Rappelons d'abord que cette église est fréquentée en hiver par la femelle Eve, et qu'elle reçoit à l'occasion des visites de son mâle, Éole. Éole est un faucon pèlerin bigame puisqu'il a également une femelle à l'Université de Montréal, Spirit (qui est aussi sa mère...). Plusieurs accouplements entre Éole et Spirit ont été observés la semaine dernière à l'Université de Montréal.

Accouplement du 23 mars à l'église Saint-Jean-Baptiste

Lors de mon observation du 18 mars, j'avais observé qu'Éole avait quitté l'Université de Montréal peu après 18h, soit bien avant le coucher du soleil. Était-ce pour visiter Eve ? Bien que quelques courtes visites récentes  à l'église Saint-Jean-Baptiste en fin de journée m'avaient laissé sur l'impression qu'Éole avait cessé ses visites à l'église Saint-Jean-Baptiste, j'ai décidé de retenter ma chance.

Quand je suis arrivé à l'église Saint-Jean-Baptiste à 18h46, aucun faucon ne semblait présent. À 19h06 j'ai pris le bus 29 qui passe devant l'hôpital Hôtel-Dieu pour examiner l'antenne où j'avais vu récemment un faucon: aucun faucon n'y était visible. Ce bus a le grand avantage d'effectuer une boucle qui l'amène à repasser devant l'église Saint-Jean-Baptiste quelques minutes plus tard. J'étais de retour à l'église Saint-Jean-Baptiste à 19h18, mon absence n'avait donc duré que 13 minutes. J'ai tout de suite remarqué un faucon (Eve) qui vocalisait fortement sur le flanc droit de l'église. Je n'ai aperçu l'autre faucon que lorsqu'il s'est envolé de l'église. Il est revenu vers l'église, s'est accouplé avec Eve et a quitté le secteur. L'accouplement est survenu 6 minutes après le coucher du soleil. À 19h23 Eve est allée se placer à son endroit favori pour dormir.

Observation matinale à l'église Saint-Jean-Baptiste le 24 mars

Comme Éole semblait visiter aussi Eve à l'aube il y a quelques semaines, j'étais curieux de voir ce qui se passerait tôt le matin. J'étais sur place à 5h50 ce vendredi 24 mars. Eve était à l'endroit où je l'avais laissé la veille. À 6h35 elle a brusquement décollé et s'est éloignée dans l'axe de la rue Drolet. Je m'attendais à ce qu'elle revienne se poser à un autre endroit sur l'église mais elle n'est pas revenue. Cette direction est celle que les faucons prennent pour aller vers l’Hôtel-Dieu: Eve est-elle allée rejoindre Éole chez lui?

À 6h46 j'ai profité du bus 29 pour jeter un coup d’œil à l'Hôtel-Dieu mais je n'ai rien vu sur l'antenne ni sur les toits que je pouvais voir depuis le bus (l'antenne de l'Hôtel-Dieu n'est vraisemblablement qu'une étape entre l'endroit utilisé par Éole pour dormir et l'église Saint-Jean-Baptiste mais je n'avais rien à perdre). À mon retour à l'église Saint-Jean-Baptiste à 6h58, aucun faucon n'y était visible. J'ai quitté à 7h27.

Un autre passage à l'église Saint-Jean-Baptiste à 9h  après être allé jeter un coup d’œil du côté de l'incinérateur des Carrières n'a rien donné non plus.

En fin d'après-midi il neigeait fortement,je n'y suis donc pas retourné.

2 faucons présents en fin d'après-midi le 25 mars à l'église Saint-Jean-Baptiste

Lorsque je suis arrivé à l'église Saint-Jean-Baptiste à 18h48, Eve somnolait sur la croix d'un clocher, bien en évidence. À 18h59 elle semble se réveiller brusquement, vocalise et se précipite vers le flanc droit de l'église. Quelques secondes plus tard un autre faucon la rejoint. Je n'étais pas en mesure de voir le flanc droit à ce moment-là mais je n'ai pas entendu de cris d'accouplement. J'ai plutôt retrouvé les 2 faucons sur une corniche, voir la vidéo ci-dessous.


Il est possible qu'Éole ait offert une proie à Eve mais si c'est le cas elle n'avait pas faim. Sauf erreur, l'endroit où est allée Eve ensuite était l'endroit où a eu lieu l'accouplement le 23 mars. Le mâle - que l'on voit quitter dans la vidéo - n'est plus revenu. Eve a rejoint son perchoir de nuit à 19h18.

Observations à l'Université de Montréal le 25 mars

J'ignore si le mâle observé à l'église Saint-Jean-Baptiste les 23 et 25 mars était Éole mais c'est une hypothèse vraisemblable. Il était donc intéressant de voir ce qui se passait à l'Université de Montréal. De 14h à 18h le 25 mars je n'ai observé aucun accouplement. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu puisque je ne peux évidemment pas surveiller les 4 faces de la tour simultanément, mais ce chiffre contraste avec le chiffre de 3 accouplements (+ un 4ième probable) observés le samedi précédent.

À 14h, Spirit était perchée sur le bâtiment pyramidal. Je n'ai pas réussi à localiser le mâle et je n'ai entendu aucun cri qui pouvait suggérer qu'il était présent. Spirit s'est envolée à 14h38 en direction des hôpitaux Sainte-Justine et juif.

J'ai du attendre jusqu'à 15h55 pour revoir un faucon en vol qui a semblé se rendre au nichoir. Un coup d’œil sur la caméra du nichoir via mon iPhone montre en effet que les 2 faucons sont au nichoir. C'est le premier signe de la présence d'Éole. Éole reste au nichoir (il ira ensuite se percher sur le bras de la caméra) pendant que Spirit s'installe sur le bâtiment pyramidal pour manger la proie probablement offerte par Éole. Spirit s'envole avec le restant de la proie à 16h21  en direction des résidences. Je l'ai perdu presque immédiatement de vue donc je ne peux pas exclure un demi-tour vers l'université. Cependant je la revois passer dans l'autre sens à 16h24. Elle traverse l'université au-dessus de l'ancienne chapelle et rejoint le nichoir d'après la caméra. Éole est toujours sur le bras de la caméra.

Spirit reste dans le nichoir pendant plus de 1h, Éole toujours perché sur le bras de la caméra. Elle s'envole à 17h28 et va se percher sur la tour au coin des façades "André-Eisenstadt" et "Avant".  Les 2 faucons sont toujours à la même place lorsque j'arrête l'observation à 18h. Cependant, au moment de repasser à l'avant de l'Université pour prendre le métro je constate que les faucons ont bougé. À 18h06 d'après la caméra, les 2 faucons se rencontrent brièvement au nichoir. Toujours d'après la caméra Spirit reste seule au nichoir, c'est donc Éole que je vois perché sur la tour au coin des façades "Avant" et "Polytechnique" à 18h07.


Discussions

L'observation d'un accouplement à l'église Saint-Jean-Baptiste a été une surprise pour moi pour 2 raisons:
  • Les accouplements se font généralement à proximité du lieu choisi pour nicher. Or cette église est considérée comme un endroit d'hivernage. Les 2 dernières années, Eve a niché à l'église Saint-Marc (en 2015) et à l'Incinérateur des Carrières (en 2016). Ces 2 endroits sont situés respectivement à 3.5kms et à 1.9kms. 
  • Eve est une femelle qui niche tardivement. L'an passé par exemple ses premiers accouplements ont été observés début mai. Un accouplement en mars est donc une surprise.
Une  autre fonction des accouplements - outre la reproduction - serait de consolider le couple. De tels accouplements peuvent être occasionnellement observés pendant toute l'année. Il s'agira donc de voir dans les prochains jours si l'accouplement du 23 mars était isolé ou si au contraire d'autres accouplements se produiront en fin de soirée à l'église Saint-Jean-Baptiste. On peut aussi se demander si des accouplements ont aussi lieu dans la journée; pour cela évidemment il faudrait découvrir où Eve passe ses journées.

Une autre question est si des accouplements avaient déjà eu lieu l'an passé à l'église Saint-Jean-Baptiste à cette même période ou si c'est une nouveauté de cette année. Cet emplacement avait été dévoilé le 1er avril par Richard Dupuis.  D'après eBird, sa dernière observation de 2 faucons pèlerins remontait au 3 mars et il s'agissait d'une observation de jour (13h à 15h30). À ce moment-là  les accouplements liés à la reproduction n'avaient peut-être pas encore commencé. De mon côté, j'ai observé à cette église à partir du 2 avril, principalement en fin de journée, et j'ai pu constater qu'un faucon y dormait.  Le 5 avril, cependant j'ai pu y voir 2 faucons mais pas d'accouplement (à noter que le 5 avril, Spirit avait déjà pondu plusieurs œufs). Voir cet article pour plus de détails sur les observations à cette église jusqu'au 5 avril 2016.

Il est difficile de tirer une conclusion de l'absence d'observation d'accouplement à l'Université de Montréal samedi après-midi: j'ai pu manquer des accouplements ou bien je suis peut-être tombé sur une période creuse. D'autres observations devront être faites pour avoir une idée plus claire de ce qui se passe.

Pour mémoire les 2 dernières saisons à l'Université de Montréal ont été complètement différentes.








mercredi 22 mars 2017

Accouplements et nuits au nichoir pour Spirit à l'Université de Montréal

Après l'Échangeur Turcot, c'est à l'Université de Montréal que des accouplements de faucon pèlerin ont été observés. 

Le 17 mars, 2 accouplements différents ont en effet été observés sur ce site, l'un par Richard Dupuis via la caméra du nichoir, l'autre par moi-même depuis le sol. Le lendemain j'ai compté 3 accouplements entre 13h45 et le coucher du soleil, avec une forte possibilité pour un 4ième. Parallèlement Spirit (la femelle) a commencé à dormir de façon intermittente au nichoir.

Les accouplements du 17 mars

Le 17 mars à 11h13, Richard Dupuis a publié sur la page Facebook de Faucons de l'UdeM une vidéo d'un accouplement capté par la caméra du nichoir. L'accouplement a été filmé de près par la caméra et les images sont spectaculaires (pour ceux qui ne veulent pas voir la vidéo au complet, l'accouplement - très bref - est à la toute fin de la vidéo). D'après les images d'archive de la caméra, cet accouplement a eu lieu entre 9h43 et 10h13.

Quand je suis arrivé à 11h24 à l'Université de Montréal (sans avoir vu la publication de Richard Dupuis), la première chose que j'ai remarquée, c'est qu'un faucon pèlerin était perché sur ce que j'appelle le "bâtiment pyramidal". Or ce perchoir est principalement utilisé pour les accouplements. Je suis passé à l'arrière de l'université et j'ai scruté la tour pour tenter de repérer l'autre faucon. En vain. Puis tout d'un coup une flèche est partie de la tour, j'ai eu juste le temps de démarrer ma caméra. Cet accouplement est survenu à 11h29.



Il est important de noter que les accouplements avaient sans doute déjà commencé plusieurs jours avant. Ma précédente tentative d'observer des accouplements à cet endroit remontait au 11 mars mais le froid intense combiné à l'apparente absence du mâle m'avait fait abandonner après 1 heure, une durée bien trop courte pour conclure qu'il n'y avait pas encore d'accouplement.

Mes observations du 18 mars

Contrairement aux 2 accouplements mentionnés précédemment qui avaient eu lieu le matin, tous les accouplements de cet après-midi du 18 mars se sont passés à l'avant de l'université, donc hors de portée de la caméra du nichoir.

Quand je suis arrivé à 13h45 à l'Université de Montréal, Spirit était de nouveau perchée sur le bâtiment pyramidal, alors que le mâle était perché sur une "corniche-prison" de la tour (c'est un endroit où aboutissent les fauconneaux pas sages ou maladroits et dont il est difficile de s'échapper lorsqu'on ne sait pas encore voler...). Le mâle a décollé à 14h08. J'ai démarré la caméra, pensant voir un accouplement, mais il a disparu. À 14h18 Spirit s'envole à son tour et rejoint le nichoir d'après la caméra du nichoir.

Je décide de passer à l'arrière de l'université. D'après la caméra, Spirit est au nichoir de 14h20 à 14h25. À 14h25 je vois un faucon qui vole autour de la tour et on entend des appels. Une minute plus tard un 2ième faucon arrive du cimetière et se pose au nichoir. D'après la caméra ce serait Éole. Le faucon qui était en vol - présumément Spirit - finit par ne pas réapparaitre, ce qui suggère qu'elle s'est posée sur la façade qui donne vers le pavillon André-Eisenstadt ou  sur la façade avant.

Accouplement à 14h32?

À 14h32, Éole quitte le nichoir et semble se poser sur la façade André-Eisenstadt de la tour. Je bouge le plus rapidement possible pour voir cette façade. Je vois un faucon la quitter puis je m’aperçois qu'un faucon est perché au coin de cette façade avec la façade avant, présumément Spirit. Si ce 2ième faucon était bien Spirit, Éole est resté sur cette façade juste le temps d'un accouplement, accouplement que malheureusement je ne pouvais pas voir d'où j'étais. Les 2 faucons restent à l'avant de l'université jusqu'à 15h26 puis quittent à 1 minute d'intervalle. De 15h28 à 15h37 un faucon est au nichoir d'après la caméra, apparemment il s'agit d'Éole.

Accouplement de 15h38

Spirit était revenue sur la façade avant sans que je m'en rende compte puisqu'à 15h38 il y a eu accouplement sur un nouveau projecteur de cette façade.
Spirit après l'accouplement de 15h38

Accouplement à 16h16

À 16h12 le mâle quitte la façade avant de la tour où il s'était perché après l'accouplement et se rend au nichoir. Au retour, il s'accouple à nouveau sur le projecteur.

Le mâle quitte peu après et revient se percher sur la tour au-dessus de la femelle à 16h36.  À 16h54, c'est la femelle qui part en direction du boulevard Edouard-Montpetit. Le mâle disparait à son tour.

Accouplement à 18h08

Après avoir fait le tour de la tour, je retrouve un faucon sur le coin des façades André-Eisenstadt et avant à 17h31. Celui-ci s'envole à 17h43. La caméra du nichoir montre que les 2 faucons se sont rencontrés au nichoir à 17h44. Éole revient se percher presque aussitôt sur un projecteur de la façade avant, voisin de celui où ont eu lieu les 2 accouplements précédents. À 17h58, Spirit quitte le nichoir et vient se percher sur la tour au-dessus d'Éole. Comme j'avais alors confondu Éole et Spirit, c'est à un autre accouplement sur un projecteur que je m'attendais. J'ai compris mon erreur quand celui que j'avais pris pour la femelle s'est envolé. Heureusement que son vol d'approche était suffisamment long pour me permettre de filmer malgré tout cet accouplement, qui s'est produit à 18h08.


Je n'ai plus revu le mâle après cet accouplement. Spirit de son côté n'a quitté son perchoir qu'au coucher du soleil.


Des nuits au nichoir

Outre les accouplements, un signe que la ponte approche est lorsque Spirit commence à dormir au nichoir. Spirit a commencé à passer quelques nuits au nichoir mais elle ne dort pas encore au nichoir de façon régulière.

Spirit a commencé à dormir au nichoir dès le 15 mars, dans des conditions hivernales comme le montre la photo suivante prise par la caméra du nichoir. Sa silhouette reste (parfois difficilement) visible durant toute la nuit.

Spirit au nichoir, 15 mars à 21h (crédit: Eve Belisle, http://ornithologie.ca/faucons/)

Elle a également passé la nuit suivante au nichoir, mais apparemment pas celle du 17 mars.

Le 18 mars j'étais présent au coucher du soleil à l'Université de Montréal. À ma grande surprise elle est partie vers l'Oratoire Saint-Joseph. Pensant qu'elle allait manger puis qu'elle reviendrait sur la tour, je suis resté un moment sur place à guetter son retour. Finalement je suis allé à l'Oratoire où je l'ai trouvé sur un de ses perchoirs favoris.

Spirit à l'Oratoire Saint-Joseph, 18 mars 2017 à 20h
J'ai interprété ce choix de Spirit comme un sérieux retour en arrière. En effet dans le passé il semblait que Spirit procédait par étapes: en hiver elle dort souvent à l'Oratoire; puis à l'approche de la nidification elle commence à dormir sur la tour de l'université mais à l'extérieur du nichoir; et finalement elle dort dans le nichoir.

Heureusement cela n'a pas été long avant que Spirit recommence à dormir au nichoir puisqu'elle y a passé la nuit du 20 au 21 mars. Cependant Spirit n'a de nouveau pas dormi au nichoir cette nuit.


Conclusion

L'an dernier, la première mention de Spirit passant la nuit au nichoir avait été faite le 20 mars. Spirit avait alors pondu son premier œuf dans la nuit du 31 mars au 1er avril. Malheureusement aucun des 4 œufs n'avait éclos du à une guerre avec un autre couple de faucons pèlerins.

Spirit avait pondu son premier œuf un 23 mars en 2011 et il avait fallu attendre jusqu'au 10 avril en 2015.  Quand Spirit pondra-t-elle son premier œuf cette année? À suivre...



dimanche 12 mars 2017

Un (parfois 2) faucon pèlerin à l'Hôtel-Dieu de Montréal

En janvier et en février j'ai pu observer à plusieurs reprises un faucon pèlerin perché sur l'antenne principale de l'hôpital Hôtel-Dieu de Montréal en fin de journée. Ce faucon est probablement Éole, dont la présence régulière a été documentée à l'église Saint-Jean-Baptiste pendant cette période. À une reprise, le 22 février, j'ai même pu observer 2 faucons pèlerins sur cette antenne. Malgré plusieurs tentatives d'observation les jours suivants, je n'ai plus réussi à revoir de faucon pèlerin  depuis cette date.

Tel qu'indiqué plus haut, ces observations sont clairement reliées à celles de faucons pèlerins à l'église Saint-Jean-Baptiste. Je commencerai donc à évoquer ces observations et à expliquer comment elles m'ont amené à l’Hôtel-Dieu. Par la suite je rendrai compte des observations à l’Hôtel-Dieu.


Éole et Eve à l'église Saint-Jean-Baptiste

Pour une deuxième année de suite, les faucons pèlerins Eve et Éole fréquentent l'église Saint-Jean-Baptiste, voir cet article.

Éole est né à l'Université de Montréal en 2011 et s'est manifestement donné comme objectif d'avoir des bébés simultanément avec 2 femelles à 2 nids différents! Ces 2 nids sont ceux de l'Université de Montréal et de l'incinérateur des Carrières/église Saint-Marc. Jusqu'à présent il a seulement réussi à avoir des petits sur le deuxième site (4 en 2015, 2 en 2016); cependant il aurait probablement réussi à en avoir aussi à l'Université de Montréal l'an dernier si les attaques répétées d'un autre couple de faucon pèlerin n'avaient pas fait échouer la nidification. Ses 2 femelles sont Spirit à l'Université de Montréal (Spirit est aussi sa mère...) et Eve à l'Incinérateur des Carrières. Cette dernière est selon toute vraisemblance la femelle faucon pèlerin qui fréquente l'église Saint-Jean-Baptiste (contrairement à Éole, ce faucon n'est pas bagué).

Identification d'Éole à l'église Saint-Jean-Baptiste, 4 février 2017
Éole visitait Eve à plusieurs moments dans la journée, mais plus particulièrement en fin d'après-midi. Lorsqu'il quittait au coucher du soleil, il partait souvent dans l'axe de la rue Drolet en direction sud mais en observant plus attentivement j'ai remarqué qu'après quelques centaines de mètres il virait, vers le Mont-Royal. 

Le 20 janvier à 15h50, j'étais à l'église Saint-Jean-Baptiste. Aucun faucon n'était présent. À 16h20, un faucon pèlerin passe au-dessus de l'église en volant en ligne droite, en diagonale par rapport au réseau des rues. Comme il n'était pas de retour après quelques minutes, je décide de marcher dans la direction où il avait disparu. C'est comme cela que j'ai découvert un faucon pèlerin perché sur l'antenne principale de l'Hôtel-Dieu.

Avant de décrire mes observations à l’Hôtel-Dieu, un mot sur mes observations les plus récentes à l'église Saint-Jean-Baptiste. Eve fréquente toujours l'église Saint-Jean-Baptiste (dernière observation le 10 mars), en revanche ma dernière observation d'une visite d'Éole en fin de journée remonte au 17 février.

Un faucon pèlerin à l'Hôtel-Dieu de Montréal 

Le 20 janvier donc, après avoir observé un faucon pèlerin survoler l'église Saint-Jean-Baptiste et s'éloigner approximativement vers l’Hôtel-Dieu, je remarque un faucon pèlerin sur l'antenne principale de cet hôpital. Il était alors 16h30.

Faucon pèlerin sur l'antenne principale de l’Hôtel-Dieu, 20 janvier 2017

Le faucon s'est envolé à 17h (soit environ 15 minutes après le coucher du soleil). Je l'ai perdu immédiatement de vue derrière un bâtiment. Compte tenu de l'heure, il était alors envisageable que le faucon avait rejoint son perchoir de nuit quelque part à l’Hôtel-Dieu.

Le lendemain, le faucon est de nouveau sur l'antenne. Je me place de façon à pouvoir voir dans la direction où le faucon avait quitté la veille. À ma grande surprise, le faucon a traversé l'avenue des Pins et ne semblait pas prêt de s'arrêter!

Compte tenu de mon emploi de temps, ce n'est que le 29 janvier que je peux à nouveau tenter ma chance. Le faucon est arrivé vers 16h32, venant d'une direction compatible avec celle de l'église Saint-Jean-Baptiste. Je décide de me rendre de l'autre côté de l'avenue des Pins, sur la rue Basset. Le faucon a quitté l'antenne environ 25 minutes après le coucher du soleil et s'est éloigné quasi-perpendiculairement à l'avenue des Pins, très légèrement en direction de l'avenue du Parc.

Le 4 février, dans ce qui allait devenir ma dernière occasion de tenter de découvrir où le faucon s'en allait, j'ai remarqué à nouveau le léger biais dans sa direction de départ vers la rue Sainte-Famille. Il a dépassé la petite rue qui se trouve immédiatement au sud-est de l'avenue des Pins (la rue Basset, d'après Google Map).  

J'ai en revanche échoué à voir le faucon sur l'antenne le 3 février entre 16h45 et 17h30, ainsi que les 12, 14, 15, 17, 20 et 28 février.  En particulier le 17 février j'ai vu Éole quitter l'église Saint-Jean-Baptiste à 17h20 approximativement en direction de l’Hôtel-Dieu mais quand je suis arrivé à un endroit d'où je pouvais voir l'antenne de l'Hôtel-Dieu 10 minutes plus tard, le faucon n'y était pas. 3 rapides passages devant l'Hôtel-Dieu  les 3, 7 et 10 mars ne m'ont pas non plus permis de voir le faucon. En revanche le 22 février, j'ai pu observer 2 faucons sur l'antenne!


2 faucons pèlerins à l’Hôtel-Dieu le 22 février

Cette observation est de nouveau étroitement liée à une observation faite à l'église Saint-Jean-Baptiste. À 16h40 je remarque un faucon perché sur la croix d'un clocher de cette église. J'ignore si c'était Éole ou Eve, mais dans l'éventualité où c'était Éole, je m'empresse d'aller à l'Hôtel-Dieu.

À 17h10, un premier faucon pèlerin se pose tout en haut de l'antenne de l'Hôtel-Dieu. Mais surprise: il ne venait pas de la direction de l'église Saint-Jean-Baptiste mais plutôt du Parc Jeanne-Mance! Moins de 2 minutes plus tard, un 2ième faucon pèlerin arrive, cette fois-ci d'une direction compatible avec l'église Saint-Jean-Baptiste, et se perche lui aussi sur l'antenne mais un peu plus bas.

2 faucons pèlerins sur l'antenne principale de l’Hôtel-Dieu, 22 février 2017
Le dernier arrivé a quitté le premier à 17h23. Malheureusement, à supposer que celui qui restait était Éole, je n'ai pas réussi à obtenir davantage d'information sur sa destination: j'ai constaté sa disparition à 17h26.

À 17h40, un faucon se trouvait à la base du toit de l'église Saint-Jean-Baptiste.

L'hypothèse que je privilégie est que c'était Eve qui était perchée sur la croix du clocher de l'église Saint-Jean-Baptiste à 16h40 et que le premier faucon à venir se percher sur l'antenne de l’Hôtel-Dieu était Éole. Eve l'aurait alors rejoint.

 

Conclusion et appel à témoignage

Si c'est bien Éole qui fréquentait l'antenne de l'Hôtel-Dieu - ce dont je suis persuadé - l’Hôtel-Dieu devient à ma connaissance l'endroit le plus au sud-est où sa présence aura été notée. Cet endroit sera certainement un jour battu étant donné que le faucon franchissait l'avenue des Pins. D'après Google Map, l'Hôtel-Dieu est situé à un peu plus de 3km de l'Université de Montréal, à environ 800 mètres de l'église Saint-Jean-Baptiste, à 2,60km de l'Incinérateur des Carrières et à un peu plus de 4kms de l'église Saint-Marc.On peut aussi noter que l’Hôtel-Dieu est situé à 1,25km du campus McGill où des observations d'un faucon pèlerin ont été rapportés le 10 et le 11 janvier; cette distance de 1,25km sera diminuée lorsqu'on découvrira où le faucon se rendait lorsqu'il quittait l’Hôtel-Dieu.

Compte tenu de l'heure à laquelle le faucon quittait l’Hôtel-Dieu, sa destination est probablement l'endroit où il passe la nuit. Découvrir cet endroit est intéressant à plusieurs titres: pour mieux connaitre les endroits utilisés par les faucons pèlerins pour dormir en ville, pour tenter de vérifier que le faucon est toujours vivant après qu'il ait disparu des endroits où on l'observe habituellement de jour, et finalement parce qu'Éole est un de mes suspects pour le fameux 'faucon pervers' de l'Université de Montréal. À noter que si ce perchoir de nuit est identifié et que sa divulgation pourrait occasionner un dérangement humain, l'endroit ne sera pas divulgué publiquement sur ce site tant qu'il sera utilisé. Ce genre de situation s'était déjà présenté avec un jeune faucon pèlerin qui utilisait pour dormir un perchoir sous la fenêtre d'une pièce utilisée par des humains, voir cet article.

Le fait que le faucon ne semble plus fréquenter l’antenne de l'Hôtel-Dieu aux heures habituelles pourrait suggérer que ce perchoir était utilisé en connexion avec ses visites à l'église Saint-Jean-Baptiste. Il serait logique que ces visites aient diminué ou aient cessé ces dernières semaines puisque Éole devrait en principe se concentrer sur sa nidification à l'Université de Montréal. L'an dernier, des accouplements avaient été observés là-bas à partir du 12 mars et le premier œuf avait été pondu le 29 mars. Il est possible aussi que des visites continuent à l'Hôtel-Dieu mais à d'autres moments. Dans tous les cas, il est très probable que le faucon utilisera à nouveau cette antenne un jour. Je lance donc un appel à témoignage:

Appel à témoignage: si vous apercevez le faucon pèlerin sur l'antenne de l’Hôtel-Dieu ou sur un autre perchoir à proximité, merci de m'en faire part. Vous pouvez m'envoyer un courriel, laisser un mot sur ma page Facebook, commenter cet article de blogue ou signaler votre observation sur eBird




 






















vendredi 3 mars 2017

Début des accouplements à l'Échangeur Turcot dans un contexte de grande incertitude

Les faucons pèlerins Algo et Polly ont commencé à s'accoupler à l'Échangeur Turcot alors que les différents endroits où ils pourraient nicher sur la structure de l'Échangeur ont été obstrués en raison des travaux de reconstruction/démolition de cet ouvrage.

Cet article est organisé de la façon suivante. Je commence par rappeler brièvement qui sont Algo et Polly, ainsi que le contexte des travaux majeurs de l'Échangeur Turcot qui les prive de leur endroit habituel où nicher. Je fais aussi état, dans cette première section, de solutions de remplacement qui ont été mis en œuvre par le consortium KPH Turcot en collaboration avec le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs pour faciliter la transition aux faucons pèlerins (installation de nichoirs à proximité). Une deuxième section est consacrée aux accouplements qui ont été observés ces derniers jours.  Finalement la dernière section est consacrée aux efforts des faucons pour trouver où nicher.


Algo, Polly et la reconstruction de l'Échangeur Turcot

Algo et Polly sont les 2 premiers faucons pèlerins à être nés dans le nichoir de l'Université de Montréal en 2009. Au printemps 2011, le frère et la sœur causaient la surprise en formant un couple à l'Échangeur Turcot. Un premier fauconneau est né l'année suivante, malheureusement décédé avant d'effectuer son premier vol. Le premier fauconneau à quitter le nid situé sur un des piliers qui bordent le canal Lachine est une jeune femelle nommée Samantha, en 2014. En 2015, 2 autres fauconneaux l'ont imité, puis 2 autres en 2016.

Parallèlement, début 2015, débutaient les travaux d'un ambitieux projet - confié au consortium KPH Turcot - visant à démolir l'échangeur Turcot et à simultanément le remplacer par un nouvel échangeur (pour plus d'informations, consultez le site officiel du projet ou encore cette description du projet). Comme plusieurs familles Montréalaises, les faucons pèlerins devaient déménager.

On pourrait penser qu'il suffirait de capturer les faucons et de les relâcher ailleurs. Mais c'aurait été courir le risque de les voir revenir; après tout certains faucons pèlerins parcourent des milliers de kms lors de leur migration! En outre, le faucon pèlerin étant une espèce protégée, il fallait trouver une solution la moins dérangeante possible.

La solution qui a manifestement été retenue - et que j'appuie sans réserve - consiste à obstruer les cavités où les faucons pèlerins pourraient nicher tout en installant à proximité des nichoirs susceptibles d'être utilisés par le couple. Les obstructions ont commencé dès l'automne 2015 du côté de la rue Saint-Patrick, avec comme effet un retour des faucons à leur nid du côté du canal en 2016. D'autres cavités et corniches ont été obstruées durant l'automne 2016. Cependant mon article de décembre où j’annonçais que les faucons avaient été expropriés était prématuré: de nombreux endroits leur étaient encore accessibles sur la structure jusqu'au moins au 13 janvier. À ma visite suivante le 24 février ces endroits avaient été obstrués.

Parallèlement, au moins 2 nichoirs ont été installés dans le secteur:
  • À l'ancien pensionnat Côte Saint-Paul, situé au 1734 rue de l'Église.
    La première mention de ce nichoir remonte au 8 août 2016 via une vidéo de Richard Dupuis qui montre les 2 faucons pèlerins perchés sur le clocher de l'église Saint-Paul, à quelques dizaines de mètres du nichoir. Cette publication Facebook d'octobre 2016 de l'ancien pensionnat Côte Saint-Paul mentionne clairement que le nichoir a été installé dans le cadre d'un partenariat avec  KPH Turcot. 

  • Sur la cheminée du Centre Gadbois.
    J'ai remarqué ce nichoir pour la première fois le 25 décembre 2016.

Il s'agit des 2 nichoirs dont j'ai connaissance au moment d'écrire cet article: il est tout à fait possible qu'il y en ait d'autres.


Début des accouplements

3 accouplements ont été observés entre le 24 et le 28 février par Robert Lussier et moi-même. À titre de comparaison, en 2013, un accouplement avait été observé le 22 février.

Vendredi 24 février 

Un accouplement a eu lieu sur l'ancien transformateur situé à l'arrière de Muzo peu avant midi. C'était la première fois que j'observais un accouplement à cet endroit.

Samedi 25 février

Un autre accouplement a été observé le lendemain à peu près à la même heure par Robert Lussier, voir la photo ci-dessous (merci à lui pour l'autorisation de la publier ici). Cette photo est également visible dans son album Facebook.

Accouplement du 25 février (crédit: Robert Lussier)

De ce que je comprends, le matériau noir sur lequel la femelle est juchée a pour but de décourager les faucons de se poser là ;-)

Mardi 28 février

Après avoir échoué à en observer un la veille, j'ai été un peu plus chanceux ce mardi 28 février. L'accouplement a eu lieu sur le toit de l'ancien usine vers 13h45.
 


À la recherche d'un nid

À l'Échangeur

Mes observations suggèrent que les faucons n'ont pas encore renoncé à nicher à l'Échangeur.

Régulièrement, l'un ou l'autre faucon vole en direction du nid de l'année dernière, et constatant que l'accès est toujours barré, fait demi-tour.

Avec l'obstruction intervenue entre mes visites du 13 janvier et du 24 février des cavités servant de garde-manger (et qui auraient pu servir de nid de remplacement), les faucons tentent davantage de se rendre à ces endroits, peut-être parce qu'ils ont été obstrués plus récemment. Ils n'hésitent pas à s'agripper au matériau utilisé pour boucher l'entrée, comme le montre la photo suivante:

Faucon tentant d'accéder à un des anciens garde-manger

Parallèlement à ces tentatives d'accéder à d'anciens endroits, les faucons semblent explorer de nouveaux endroits. La vidéo ci-dessous illustre en partie ce comportement.


Obstruer toutes les endroits susceptibles d'être utilisés comme nid n'est pas une mince affaire. Il suffirait que l'un d'eux ait été oublié pour que les faucons nichent à nouveau sous l'Échangeur. Que se passerait-il alors? Impossible à dire. Cela dépendra certainement de l'endroit que les faucons auront choisi et des travaux planifiés à proximité.

Ailleurs

Il est probable que les faucons explorent également d'autres endroits. Les 27 et 28 février, j'avais en effet de la difficulté à observer les 2 faucons ensemble à l'Échangeur. Algo venait régulièrement faire des tentatives d'accès aux anciens endroits qu'ils utilisaient dans le passé, alors que Polly était davantage absente. Et lors d'une de mes marches, alors que j'étais à l'écluse située en aval de l'Échangeur, j'ai été survolé par un des faucons qui s'en retournait à l'Échangeur.

Ce couple de faucon pèlerin a été observé à plusieurs reprises au Parc des Rapides, situé à plus de 3kms de l'Échangeur. Si Algo et Polly décidaient de déménager,  leur nouvelle demeure pourrait donc a priori être n'importe où dans un rayon de 3kms autour de l'Échangeur! En 2015, les faucons pèlerins Éole et Eve avaient ainsi déménagé à 1.6km de l'incinérateur des Carrières où s'étaient déroulés la plupart des accouplements.


Plus que quelques semaines

Le temps est compté pour les faucons. Ces deux dernières années, les premiers relais au nid annonciateur de la présence d’œufs ont en effet été observés le 26 mars. Cela faisait alors vraisemblablement plusieurs jours que la ponte avait commencé. Certes Polly pourrait pondre plus tard cette année si le couple rencontrait des difficultés à trouver un nid, mais les prochaines semaines seront certainement cruciales.