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vendredi 3 mars 2017

Début des accouplements à l'Échangeur Turcot dans un contexte de grande incertitude

Les faucons pèlerins Algo et Polly ont commencé à s'accoupler à l'Échangeur Turcot alors que les différents endroits où ils pourraient nicher sur la structure de l'Échangeur ont été obstrués en raison des travaux de reconstruction/démolition de cet ouvrage.

Cet article est organisé de la façon suivante. Je commence par rappeler brièvement qui sont Algo et Polly, ainsi que le contexte des travaux majeurs de l'Échangeur Turcot qui les prive de leur endroit habituel où nicher. Je fais aussi état, dans cette première section, de solutions de remplacement qui ont été mis en œuvre par le consortium KPH Turcot en collaboration avec le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs pour faciliter la transition aux faucons pèlerins (installation de nichoirs à proximité). Une deuxième section est consacrée aux accouplements qui ont été observés ces derniers jours.  Finalement la dernière section est consacrée aux efforts des faucons pour trouver où nicher.


Algo, Polly et la reconstruction de l'Échangeur Turcot

Algo et Polly sont les 2 premiers faucons pèlerins à être nés dans le nichoir de l'Université de Montréal en 2009. Au printemps 2011, le frère et la sœur causaient la surprise en formant un couple à l'Échangeur Turcot. Un premier fauconneau est né l'année suivante, malheureusement décédé avant d'effectuer son premier vol. Le premier fauconneau à quitter le nid situé sur un des piliers qui bordent le canal Lachine est une jeune femelle nommée Samantha, en 2014. En 2015, 2 autres fauconneaux l'ont imité, puis 2 autres en 2016.

Parallèlement, début 2015, débutaient les travaux d'un ambitieux projet - confié au consortium KPH Turcot - visant à démolir l'échangeur Turcot et à simultanément le remplacer par un nouvel échangeur (pour plus d'informations, consultez le site officiel du projet ou encore cette description du projet). Comme plusieurs familles Montréalaises, les faucons pèlerins devaient déménager.

On pourrait penser qu'il suffirait de capturer les faucons et de les relâcher ailleurs. Mais c'aurait été courir le risque de les voir revenir; après tout certains faucons pèlerins parcourent des milliers de kms lors de leur migration! En outre, le faucon pèlerin étant une espèce protégée, il fallait trouver une solution la moins dérangeante possible.

La solution qui a manifestement été retenue - et que j'appuie sans réserve - consiste à obstruer les cavités où les faucons pèlerins pourraient nicher tout en installant à proximité des nichoirs susceptibles d'être utilisés par le couple. Les obstructions ont commencé dès l'automne 2015 du côté de la rue Saint-Patrick, avec comme effet un retour des faucons à leur nid du côté du canal en 2016. D'autres cavités et corniches ont été obstruées durant l'automne 2016. Cependant mon article de décembre où j’annonçais que les faucons avaient été expropriés était prématuré: de nombreux endroits leur étaient encore accessibles sur la structure jusqu'au moins au 13 janvier. À ma visite suivante le 24 février ces endroits avaient été obstrués.

Parallèlement, au moins 2 nichoirs ont été installés dans le secteur:
  • À l'ancien pensionnat Côte Saint-Paul, situé au 1734 rue de l'Église.
    La première mention de ce nichoir remonte au 8 août 2016 via une vidéo de Richard Dupuis qui montre les 2 faucons pèlerins perchés sur le clocher de l'église Saint-Paul, à quelques dizaines de mètres du nichoir. Cette publication Facebook d'octobre 2016 de l'ancien pensionnat Côte Saint-Paul mentionne clairement que le nichoir a été installé dans le cadre d'un partenariat avec  KPH Turcot. 

  • Sur la cheminée du Centre Gadbois.
    J'ai remarqué ce nichoir pour la première fois le 25 décembre 2016.

Il s'agit des 2 nichoirs dont j'ai connaissance au moment d'écrire cet article: il est tout à fait possible qu'il y en ait d'autres.


Début des accouplements

3 accouplements ont été observés entre le 24 et le 28 février par Robert Lussier et moi-même. À titre de comparaison, en 2013, un accouplement avait été observé le 22 février.

Vendredi 24 février 

Un accouplement a eu lieu sur l'ancien transformateur situé à l'arrière de Muzo peu avant midi. C'était la première fois que j'observais un accouplement à cet endroit.

Samedi 25 février

Un autre accouplement a été observé le lendemain à peu près à la même heure par Robert Lussier, voir la photo ci-dessous (merci à lui pour l'autorisation de la publier ici). Cette photo est également visible dans son album Facebook.

Accouplement du 25 février (crédit: Robert Lussier)

De ce que je comprends, le matériau noir sur lequel la femelle est juchée a pour but de décourager les faucons de se poser là ;-)

Mardi 28 février

Après avoir échoué à en observer un la veille, j'ai été un peu plus chanceux ce mardi 28 février. L'accouplement a eu lieu sur le toit de l'ancien usine vers 13h45.
 


À la recherche d'un nid

À l'Échangeur

Mes observations suggèrent que les faucons n'ont pas encore renoncé à nicher à l'Échangeur.

Régulièrement, l'un ou l'autre faucon vole en direction du nid de l'année dernière, et constatant que l'accès est toujours barré, fait demi-tour.

Avec l'obstruction intervenue entre mes visites du 13 janvier et du 24 février des cavités servant de garde-manger (et qui auraient pu servir de nid de remplacement), les faucons tentent davantage de se rendre à ces endroits, peut-être parce qu'ils ont été obstrués plus récemment. Ils n'hésitent pas à s'agripper au matériau utilisé pour boucher l'entrée, comme le montre la photo suivante:

Faucon tentant d'accéder à un des anciens garde-manger

Parallèlement à ces tentatives d'accéder à d'anciens endroits, les faucons semblent explorer de nouveaux endroits. La vidéo ci-dessous illustre en partie ce comportement.


Obstruer toutes les endroits susceptibles d'être utilisés comme nid n'est pas une mince affaire. Il suffirait que l'un d'eux ait été oublié pour que les faucons nichent à nouveau sous l'Échangeur. Que se passerait-il alors? Impossible à dire. Cela dépendra certainement de l'endroit que les faucons auront choisi et des travaux planifiés à proximité.

Ailleurs

Il est probable que les faucons explorent également d'autres endroits. Les 27 et 28 février, j'avais en effet de la difficulté à observer les 2 faucons ensemble à l'Échangeur. Algo venait régulièrement faire des tentatives d'accès aux anciens endroits qu'ils utilisaient dans le passé, alors que Polly était davantage absente. Et lors d'une de mes marches, alors que j'étais à l'écluse située en aval de l'Échangeur, j'ai été survolé par un des faucons qui s'en retournait à l'Échangeur.

Ce couple de faucon pèlerin a été observé à plusieurs reprises au Parc des Rapides, situé à plus de 3kms de l'Échangeur. Si Algo et Polly décidaient de déménager,  leur nouvelle demeure pourrait donc a priori être n'importe où dans un rayon de 3kms autour de l'Échangeur! En 2015, les faucons pèlerins Éole et Eve avaient ainsi déménagé à 1.6km de l'incinérateur des Carrières où s'étaient déroulés la plupart des accouplements.


Plus que quelques semaines

Le temps est compté pour les faucons. Ces deux dernières années, les premiers relais au nid annonciateur de la présence d’œufs ont en effet été observés le 26 mars. Cela faisait alors vraisemblablement plusieurs jours que la ponte avait commencé. Certes Polly pourrait pondre plus tard cette année si le couple rencontrait des difficultés à trouver un nid, mais les prochaines semaines seront certainement cruciales. 

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